Cette semaine, les mots échangés lors de notre débat relèvent plus d’une recette de cuisine que d’un propos sur les lois physiques de l’optique. Crémeux, tourbillonnant, effet bulle de savon, vaporeux… les termes les plus inattendus tournent dans la bouche de nos invités pour caractériser cette esthétique visuelle qui accompagnent les objectifs à grande ou très grande ouverture. Tous les photographes au cours de leur parcours d’initiation se confrontent lorsqu’ils veulent franchir un cap au choix d’un objectif lumineux voire ultra lumineux. Et il faut dire qu’avec l’arrivée des nouvelles montures (Z chez Nikon, RF chez Canon, L-Mount) le marché propose de plus en plus de focales avec des plages originales et des ouvertures généreuses dans des volumes contenus. Une vraie tentation pour un faiseur d’images. Au cœur de cette question, le fameux bokeh. Ce terme japonais qui signifie littéralement « l’esthétique du flou » est tout un programme. Il renvoie à la notion de profondeur de champ qui permet au photographe de choisir les plans qui seront nets et ceux qui ne le seront pas ; ce qu’il va montrer et ce qu’il va cacher. Chacun a en tête la recette d’une grande profondeur de champ pour isoler un sujet ou cacher un arrière plan disgracieux. Mais est-ce le seul axiome au choix d’une optique à grande ouverture ? Dans cette quête le couple plein format et grandes ouvertures est un remarquable outil pour appréhender cette esthétique visuelle, sans oublier que celui-ci est aussi possible avec des petits capteurs (type APS-C ou Micro 4/3). Nos précieux objectifs s’affublent de caractéristiques évocatrices : f/1, f/1,2, f/1,4, f/1,8 voire f/2. La surenchère est de mise, mais la différence entre ces différentes gammes est-elle si significative pour l’œil qui regarde ? D’autant qu’à ce principe physique s’ajoute, une grammaire plus évanescente sur la nature du bokeh qui participe à la notion d’une signature esthétique singulière et identitaire de chaque objectif et qui parfois lui vaut un culte déraisonnable. Nos invités tentent de répondre à tout ce tumulte en exprimant, à la lueur de leur pratique et leur propre expérience, pourquoi ce débat autour du bokeh et des grandes ouvertures est aussi prégnant.

Bonne écoute !

Photo : © Sigma France