Nous avons eu la chance de recevoir à nos micros depuis cinq ans, quelques-uns des plus grands conteurs contemporains en photographie. On pense instinctivement à Pascal Maitre, une référence, qui s’était confié dans une émission « Au coin du feu » mémorable ; mais aussi à Laurent Ballesta, Vincent Munier, Thomas Pesquet, Éric Bouvet, le regretté Sebastião Salgado, Alexis Berg, Jérémie Villet, Franck Seguin, Alexis Rosenfeld et tant d’autres… À chaque entretien qu’ils nous ont accordé, un mot revenait sans cesse, immuable : une histoire. Ce mantra commun apparaît comme une boussole à leur engagement même si chacun emploie des techniques narratives différentes pour les exprimer. Nous avons demandé à Jean-Christophe Béchet, autre esthète du langage photo, de venir partager sa vision du storytelling en photographie. Auteur et éditeur de livres, animateur de workshop et de stages, ses mots seront assurément précieux pour comprendre les codes et les principes narratifs appliqués à la photographie. Il en avait déjà partagé quelques bribes dans l’excellent ouvrage publié aux éditions de la Martinière et intitulé Influences, il y a presque dix ans déjà ! C’est dire si notre invité a des choses à dire sur le sujet, lui dont la culture photo semble inextinguible. Les titres de ses livres sont en soi déjà la promesse d’un voyage par l’image : European Puzzle, Sauvage Matérialité, Habana song, African Memories, Rio Praia, Rio Centro… Dans cet entretien nous lui confions nos interrogations et nous cherchons à comprendre comment une intention visuelle peut se transformer en une histoire crédible. Combien d’entre nous ont paru démuni lors d’un événement à faire tenir les uns avec les autres des clichés capturés avec frénésie. Pourtant chaque photographie porte en elle les germes d’une histoire. Le photographe devient conteur, orchestrant lumière, composition et moments pour créer une narration silencieuse mais puissante. Cette approche dépasse la simple capture d’un instant pour révéler des émotions, des conflits, des transformations ou des questionnements universels. La force du storytelling photographique réside dans sa capacité à suggérer plutôt qu’à expliquer. Une image bien construite invite le spectateur à combler les vides narratifs, créant une expérience personnelle et indélébile. Les éléments visuels – cadrages, angles, contrastes – deviennent les mots de ce langage particulier. Nous vous invitons à un cours de grammaire et vous serez surpris d’apprendre que le storytelling va bien au-delà d’un simple déclenchement.

Bonne écoute !

Photo : © Jean-Christophe Béchet