Si comme nous, la photographie a été un prétexte pour découvrir le monde et enrichir votre regard sur ce dernier, alors le propos que nous développons au cours de cette émission devrait résonner en vous. Notre invité, le photographe Brice Portolano, compte parmi les héritiers d’un genre qui a longtemps fait la Une des magazines et des journaux du siècle dernier. Il fait partie de cette nouvelle génération qui a vu naître les réseaux sociaux, a assisté au déclin de la presse, a appris à jongler avec les fuseaux horaires pour s’affranchir des frontières du monde entier et se confronte aujourd’hui au dilemme des bilans carbone et du changement climatique. Dans ce contexte, la quête d’images et d’histoires a t-elle encore un sens aux yeux d’un monde qui ne semble plus avoir de « terra incognita » ? Une question se pose : est-il raisonnable de vouloir continuer à voyager et publier ces récits à l’heure où nos écrans affichent en temps réel plus de photographies qu’on ne saurait les admirer réellement ? Au regard de l’expérience de notre invité, Arthur et Benjamin tenaient à comprendre comment exister et naviguer dans l’océan de nos contradictions contemporaines. La réponse n’est pas simple, mais le discours de Brice Portolano est clair et identitaire de ce genre que nous chérissons. Il nous permet de comprendre pourquoi nous courrons encore le monde, un carnet et un appareil photo à la main. Bien sûr, le souffle épique des explorations et des travaux d’un Edward Sheriff Curtis ou des premiers films documentaires de Martin et Osa Johnson n’est plus, mais de nouvelles écritures et le goût du public pour les « behind the scenes » restent des leviers sur lesquels cette nouvelle génération de photographes voyageurs tentent de reconstruire des récits inspirants, espérant peut-être que le monde apprenne à ralentir et à profiter des nombreux patrimoines (naturels, culturels, ethniques, etc.) qui subsistent ici et là sur la planète. De quoi perpétuer inlassablement cet illustre héritage ? Réponse dans cet épisode.

Bonne écoute !

Photo : © Brice Portolano