L’annonce a de quoi interpeller. Une récente étude (GWI pour le Financial Time) révèle que pour la première fois depuis sa création, l’utilisation des réseaux sociaux a baissé en 2025, affirmant que le phénomène est devenu une véritable tendance chez les 16-24 ans qui se détournent de ces plateformes au nom d’une « fatigue numérique » et d’un contenu moins « attrayant ». Commencer la présentation de notre épisode de cette semaine par ce constat a de quoi surprendre. Mais on a trouvé cette information plutôt intrigante et circonstancielle quand nous l’avons corrélée aux raisons qui poussent cette même génération à se tourner massivement vers la pratique de la photographie argentique. Plus que jamais les raisons de ce revirement se font l’écho d’une volonté de ralentissement, d’une quête de sens dont la finalité est aux antipodes des communautés gorgées de likes convulsifs synonymes de reconnaissance sociale moderne. La recherche d’une forme de matérialité s’oppose littéralement à la virtualité éphémère d’usages numériques paroxystiques, parachevant cette tendance. Ils traduisent logiquement le besoin de déconnexion et de revendiquer un échappatoire aux notifications sélectives et spasmodiques des réseaux. En revisitant leur rapport à l’image via un film et un appareil photo mécanique, cette génération revendique un retour aux sources d’un processus qui nécessite un apprentissage solide, lequel définira une intentionnalité artistique délibérée dont elle pourra revendiquer une totale maîtrise des différentes étapes de sa création : le choix d’un appareil dénoué des ultimes sophistications numériques dont chaque réglage est l’expression d’une intention laquelle sera « enregistrée » sur une pellicule elle-même soigneusement sélectionnée qui délivrera peut-être une œuvre estimable. Tout cela intime un processus de fabrication de l’image incertain aux antipodes des selfies et autres images édulcorées par des filtres communs, dont le résultat immédiat est partagé frénétiquement sur les réseaux sociaux. Armer, viser, composer, déclencher dans le but d’espérer (et donc d’attendre) un résultat qui relève tout autant d’une habileté à révéler une esthétique unique : couleurs naturelles, grain en noir et blanc, matières texturées, etc . En décryptant ce retour aux sources avec nos invités, on se laisse gagner par cette magie aléatoire et par le sens que donne chaque geste répété à chaque déclenchement. Nous espérons tous cet instant décisif qui récupère de sa superbe à l’aune de ce renouveau. Et la révélation à posteriori du développement d’un film ne fait que renforcer cet espoir exaltant. De multiples autres raisons semblent accompagner ce renouveau. Nous en parlons aussi quitte à se laisser baigner par cette lumière nostalgique des images d’antan. Ce voyage dans le temps est tout aussi révélateur des prémices d’une contre culture qui pourrait bien changer la donne dans beaucoup d’autres aspects de nos vies nomades et numériques. Comme l’idée que la finalité de ce choix et de ce processus n’a pour autre objectif que de partager des tirages autour d’un verre et d’une parole échangée. Elle nous ramène un peu plus vers des comportements sociaux et humains que nos écrans et l’avènement annoncé d’une intelligence artificielle dominante ont assidûment saccagé ces dernières années. On vous invite tout autant à prendre le temps d’écouter cette émission, peut-être y découvrirez-vous une meilleure façon d’aborder la pratique de la photographie en 2025. Et ceux, quelle que soit la technologie que vous emploierez. Il faut tenter de revenir à l’essentiel ! C’est ce que vous propose le débat de notre émission, cette semaine.

Bonne écoute !